
Le berger et l’assassin
Voilà un album qui ne laisse pas de glace ! L’histoire est noire sur fond de dictature. On ne la voit jamais mais on nous parle des « fascistes d’en bas » et des « chemises grises », qu’on a clairement pas envie de rencontrer. On y croise un duo impossible composé par un berger solitaire dont la tranquillité a été perturbée par l’arrivée de celui qu’on dit « assassin », qui est blessé et en fuite. Le tout, sur fond de montagne aride, dure, froide… mais si belle. D’ailleurs, on ne voit qu’elle. Ciselée, découpée, colorée selon les heures de la journée. A la fois séduisante et effrayante. Immense et désertique à hauteur de cimes, on la voit se transformer sous les rayons du soleil couchant. Pour fuir la noirceur du bas, il va falloir passer de l’autre côté en escaladant le ciel. Pour cela, il faudra forcément se faire confiance. Pas simple dans un tel climat de méfiance. Dans ce livre, la montagne prend toute la place. Tout juste aperçoit-on à la fin une cordée entre deux hommes au péril de leur vie. L’histoire est servie par un texte puissant et des images époustouflantes. Le dessinateur, Régis Lejonc, raconte qu’il n’avait jusqu’alors jamais dessiné la montagne alors qu’elle est ses racines. Il lui fait ici un clin d’oeil en dessinant la bergerie de La Tournette dominant le lac d’Annecy et la vallée de son enfance.
« Qui que tu sois, la montagne est plus dangereuse que toi », dit le berger à l’assassin. Voilà de quoi méditer…
Le berger et l'assassin, Henri Meunier et Régis Lejonc, éd Little Urban, 19,90€, à partir de 9 ans et adolescents.
